À PROPOS
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L’Homme qui aimait les Pochettes
Une pochette de disque, c’est une porte d’entrée sur un monde, c’est un déclencheur d’envies. Il m’est arrivé d’acheter des albums sur la simple bonne foi de leurs visuels. J’ai pu me planter, mais c’est un pari que j’ai toujours trouvé excitant. Et quand l’alchimie est là, que l’osmose entre la pochette et la musique existe, alors c’est un petit miracle, un véritable accomplissement.
Certains graphistes sont juste graphistes. Ils sont en circuit fermé, ne s’intéressent pas à grand chose. Animés d’aucune curiosité , d’aucun appétit, ils cherchent juste à être ‘dans le coup’, dans l’air du temps. Ça se sent. Et c’est affreusement triste, mortifère.
Au-delà de sa connaissance pointue, Pascal Blua est un amoureux; un amoureux de la pochette de disque – avec tout ce que cela suppose. C’est pourquoi je le place sans aucun problème aux cotés de Klaus Voormann, Vaughan Oliver, Saul Bass, George Salisbury, ou Reid Miles.
L’occasion de collaborer nous a été donnée par JC Dufeu, patron du label Microcultures Records, pour qui Pascal avait notamment réalisé la magnifique pochette de l’album de The Apartments ‘No Song, no Spell, no Madrigal’.
Étant du genre ‘control freak’ et habituellement assez interventionniste dans toutes les étapes de conception d’un disque, j’ai besoin de me sentir en totale confiance avec mes collaborateurs, et de les respecter. L’équilibre doit se faire entre le sentiment de parler un même langage, de partager une culture commune, d’appartenir à une certaine communauté esthétique, tout en restant résolument ouvert à l’inconnu, aux expérimentations les plus diverses, à la nouveauté.
Pour moi la pochette de ‘Permafrost’ est une réussite parce qu’elle résulte exactement de tout ceci. C’est une équation qui s’est faite à 3 : Thomas Salva qui a pris la photo, Pascal Blua qui a sublimé tout ça, et moi avec mes fantasmes. Sans états d’âme, sans ego, avec le désir d’être au service d’un besoin impérieux largement au-dessus de nous. Pascal Blua a su s’adapter, m’écouter, transcender mes envies les plus foutraques, et les traduire graphiquement. C’est à mon sens un vrai talent.
Il dit souvent que la pochette de ‘Permafrost’ est celle dont il est le plus fier. Peut-être. Et ça tombe bien : je crois que dans ma discographie c’est également ma favorite. Avant la suivante…
‘Long live Pascal Blua !’
Nesles
Paris, janvier 2020